Ils font germer les graines et les idées
Ils font germer les graines et les idées
Publié le 7 févr. 2017 - Mis à jour le 9 août 2017
Avec son projet Graines de Troc, Sébastien Wittevert a déjà créé cinq emplois sur l'Agglo. L'association essaime partout en France et sera au prochain Salon de l'Agriculture à Paris pour témoigner de sa démarche très participative et citoyenne au service d'un concept émergeant : l'agriculture urbaine.
Février et mars, c'est la période des semis. Un repère temporaire autrefois paysan que l'association Graines de Troc réintroduit en ville, depuis les écoles jusqu'aux médiathèques en passant par les jardins partagés.
L'idée maitresse de l'association, c'est la protection de la biodiversité à travers les espèces de légumes non hybrides, autrefois courants et adaptés à chaque région. « Nous contribuons à créer des petits conservatoires locaux pour préserver un patrimoine de semences et le faire vivre dans nos jardins ». Rien que pour les tomates, l'antenne locale de Graines de Troc dispose de 200 variétés différentes, proposées au public via son site internet.
Echanges de graines sur le web
Tout est parti de là. En 2012, Sébastien Wittevert, informaticien de formation, crée le site Graines de Troc pour faciliter les échanges de graines entre particuliers. « J'étais encore à Paris. Nous avons déménagé à Lagord avec ma femme en 2013 et c'est ici que nous avons fondé l'association ». Elle supporte toujours ce site grâce auquel des jardiniers installés un peu partout en France échangent gratuitement les semences de quelque 5 000 variétés, des plus courantes au moins connues, des haricots et betteraves au yuzu sans omettre, bien sûr, les cucurbitacées et racines anciennes en plein renouveau gastronomique.
Les échanges via le site sont gracieux mais soumis à un système de jetons virtuels, une forme de monnaie complémentaire. « Ça permet de troquer des semences différentes. De plus, le site sert de « tiers de confiance » à cette circulation », précise Sébastien. L'association n'entend cependant pas se limiter à échanger des graines, mais aussi de la convivialité, des savoir-faire, partager des jardins, d'autres projets.
Des grainothèques dans les médiathèques
Des groupes locaux nommés « greniers » se sont créés par région, celui de l'agglomération de La Rochelle est particulièrement actif. L'antenne locale est à l'origine des grainothèques. « C'est une boite installée dans un espace public où les gens peuvent déposer leurs sachets de graines et en prendre d'autres. » La médiathèque de Lagord a été la première à trouver l'idée séduisante. D'autres l'ont imitée, elles sont à ce jour 180 en France à proposer une grainothèque en s'appuyant sur le savoir-faire de l'association (dans l'Agglo, celles de Villeneuve-les-Salines, Dompierre-sur-Mer et Nieul-sur-Mer en plus de celle de Lagord).
Drôles de graines et jardins
Très vite, Graines de troc s'est adressée aux enfants par l'intermédiaire de l'école. Observer le cycle de la vie depuis la graine jusqu'à la plante, ensuite son fruit et ses nouvelles graines, voilà qui est magique ! Un bon support pédagogique pour aborder les sciences et les questions liées à l'environnement. A l'école de Laleu, pour commencer, des enfants ont semé différentes variétés de tomates – une plante facile à cultiver – ils en ont recueilli les fruits puis les graines. « On a pu donner leur semence à d'autres écoles », fait valoir Sébastien. Aujourd'hui sur l'agglomération, 35 établissements scolaires participent à Drôle de Graines, opération étendue pour beaucoup d'entre eux à la création d'un potager, et même parfois d'un poulailler avec l'aide des animateurs de l'association.
5 emplois
Des petits coins de terres urbaines deviennent ainsi terre nourricière, rejoignant l'autre projet que Graines de Troc soutient avec quelques associations locales comme les AMAP. « Nous voudrions développer le maraichage dans et aux portes de la ville ». En attendant de voir plus grand, l'association Lagordaise a déjà créé cinq emplois, dont certains sont des emplois aidés, pour accompagner les potagers scolaires et soutenir ses diverses actions. Du 27 février au 8 mars prochain, Graine de Troc sera au Salon de l'Agriculture à Paris, invitée par AgroparisTech (l'institut des sciences et industries du vivant et de l'environnement) à se présenter et tenter d'essaimer encore davantage.
A voir bientôt au Muséum
Plus localement, l'association participe à l'exposition sur le Climat organisée à partir d'avril 2016 par le Muséum d'Histoire Naturelle. Graines de Troc présentera tout l'été dans le jardin du Muséum différentes variétés de blés. Plus on en conserve, plus on a de chance de trouver les plans qui seront résistants, face au changement climatique.