Ils visent l’autonomie digitale pour tous
Ils visent l’autonomie digitale pour tous
Publié le 18 janv. 2019
Soutenu par l’Agglomération dans le cadre de la Politique de la Ville, le réseau Net Solidaire se déploie progressivement sur le territoire. Ses médiateurs se mettent au service de ceux qui ont besoin d’être accompagnés, à l’ère de la dématérialisation administrative.
« L’ordinateur, ça me fait peur ! » Voici une entrée en matière à laquelle Vincent est habitué, de même que Léa et Irvin, ses collègues médiateurs numériques au sein du réseau Net Solidaire. Peur de ne pas savoir, de se tromper, des arnaques, des oublis. « Notre première tâche consiste à donner confiance, lever les réticences des gens face à cet outil qu’ils pensent ne pas pouvoir maitriser ». Certains osent à peine dire le stress qui les saisit à la vue d’un PC, persuadés que tout le monde autour d’eux pianote et navigue parfaitement à l’aise. Or la réalité est tout autre ! Si une moitié, grosso modo, de la population voit dans le numérique une façon de se simplifier la vie, pour l’autre moitié, c’est à peu près le contraire.
Un territoire qui a des besoins
Ces proportions sont celles du territoire, révélées par une étude réalisée en juillet 2018 dans notre département par Emmaüs Connect, en relation avec diverses administrations comme la CAF, la CPAM ou encore la Caisse d'Assurance Retraite et de la Santé au Travail. « Cette étude fondée sur 1 300 questionnaires a montré qu’ici, 48 % de la population n’était pas totalement autonome face aux démarches en ligne. A l’échelle nationale, cette proportion n’est que de 40% », indique Pierre Gasté, coordinateur de Net Solidaire. Bien sûr, ces 48% ne sont pas tous en état « d’illectrisme », mot bâti sur le modèle d’illettrisme. Certains (environ 15%) ont juste besoin d’un petit coup de pouce pour dompter leur appréhension face aux e-démarches. Viennent ensuite 23% de personnes dites « en précarité numérique ». « Elles ont du mal avec l’outil, mais elles ont les capacités d’apprendre. Certains jeunes ont par exemple un usage récréatif d’internet, mais ils peinent à remplir un formulaire en ligne ». Or les institutions vont toujours plus avant dans la dématérialisation des démarches administratives.
Inclure les exclus
Enfin, il y a ceux qui ne se servent jamais d’un ordinateur et ignorent presque tout de son fonctionnement. Ce sont les 10% du département (7% à l’échelle nationale) réellement exclus du numérique. « Il s’agit souvent de gens démunis, les mêmes qui sont déjà socialement précaires. Pour eux, c’est un peu la double peine. Ils ne demandent pas les aides auxquelles ils pourraient prétendre, parce qu’il faut passer par internet ». C’est en priorité en songeant à ceux-là, mais aussi pour venir en aide à tous les autres, que Pierre Gasté a imaginé la création d’un réseau d’inclusion numérique. « Je l’ai proposé à la régie de Quartier Diagonales qui l’a trouvé intéressant et qui, depuis, le supporte juridiquement. »
Un chèque service
Lancé l’été dernier, Net Solidaire est soutenu par divers partenaires financiers (voir ci-dessous) ainsi que par un réseau d’associations, de centres sociaux et encore la Mission Locale ou Horizon Habitat Jeunes avec lesquels la petite équipe de Pierre Gasté monte des ateliers d’inclusion numérique dans les quartiers. Net Solidaire répond aussi à des utilisateurs comme Pôle Emploi ou le groupe La Poste qui, repérant parmi leurs usagers ou clients des personnes en précarité numérique, leur fournissent les chèques #APTIC pour venir se former auprès des médiateurs du réseau. « Ces chèques #APTIC sont au numérique ce que les chèques déjeuner sont à l’alimentation. Ils sont calqués sur le même modèle et ont été mis en place par un dispositif d’état nommé le Pass Numérique », expose Pierre Gasté, « toute entreprise, association, collectivité etc. peut acheter des chèques et les donner à qui en a besoin ». Ces chèques fournissent une partie de la rémunération des médiateurs de Net Solidaire. Ils sont trois pour l’instant et seront davantage selon le développement de la structure, trois issus des quartiers rochelais, comme Vincent de Villeneuve-les-Salines.
Objectif : l’autonomie
La volonté du réseau est en effet de recruter des jeunes au plus près des lieux où ils ont à intervenir et de les professionnaliser sur ce métier de médiateur numérique. « Nous avons suivi une formation de 360 h qui nous permet de bien repérer à quel palier en sont les personnes q ue nous recevons. Nous avons aussi une charte déontologique : nous ne faisons pas à la place des gens, mais à leur côté, nous les accompagnons vers l’autonomie numérique », indique Vincent qui insiste aussi sur le mot « confiance ». « J’ai souvent face à moi des gens qui ont eu une mauvaise expérience lors de stages collectifs sur les outils numériques. Ils n’ont pas compris et se sont retrouvés en situation d’échec. Ici, on a tout le temps, on refait autant de fois qu’il faut, on s’occupe de chacun ». Quitte, pour les plus angoissés, à débuter l’approche avec une boite à pizza sur laquelle est dessinée un PC. « On se figure mal à quel point certains sont effrayés par l’outil ».
Les financeurs de Net Solidaire :
l’Etat, la Région Nouvelle Aquitaine, la Communauté d’Agglomération de La Rochelle, la Fondation de France, France active, le Groupe EDF, la fondation Fier de nos Quartiers.