Les métiers n’ont pas de genre !
Les métiers n’ont pas de genre !
Publié le 14 avr. 2022
Une expo créée par des étudiantes, une autre produite par le CNRS, un Hackathon sur la mixité professionnelle organisé par la Communauté d’Agglomération pour des collégiens : les initiatives se multiplient sur le territoire pour aboutir à davantage d’égalité femmes-hommes face à l’emploi et à la formation. C’est le sens du projet Européen Urbact* « GenderedLandscape » dans lequel l’Agglo s’est engagée. Elle prépare avec ses partenaires un plan d’action local sur ce thème.
Pour la chercheuse Enrica Floris, les mathématiques sont une matière merveilleuse, ludique, un continent où il reste toujours à explorer. « Être chercheuse en mathématiques, c’est produire de la connaissance pour le futur, une grande fierté » dit-elle. Un peu plus loin sur un autre panneau de l’exposition Les Sciences’Elles, la biologiste Sédima Tsikata affirme « être scientifique, c’est élargir son champ de vision au-delà de soi ». Chacune des femmes interrogées par le CNRS pour créer cette exposition témoigne d’un engagement passionné dans son domaine de recherche et raconte le parcours qui les y a mené. Ces tranches de vie donnent envie, sans nier les difficultés à trouver sa place dans un univers largement masculin.
A travers cette expo présentée jusqu’au 19 juin au Cloître des Dames Blanches, à La Rochelle, le CNRS invite à s’inspirer de ces femmes qui « osent » la science, quand on sait que les postes de chercheurs en France sont occupés à 72% par les hommes. Les préjugés sur le genre des métiers ont la vie dure, des a priori qui demeurent ancrés dans nos organisations sociales et professionnelles et nécessitent, encore et toujours, d’être battus en brèche.
Plusieurs projets locaux
C’est le sens du projet Urbact « Genderedlandscape », un réseau de six villes et agglomérations européennes, dont celle de La Rochelle, qui échangent sur ce qui pourrait être mis en place pour que l’égalité femmes-hommes imprègne davantage les politiques locales. L’accueil de l’exposition Les Sciences’Elles fait partie des actions menées dans le cadre de ce projet.
Travailler sur l’égalité recouvre de nombreux domaines, notamment la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans laquelle la Communauté d’Agglomération est engagée sous la forme d’un contrat avec tous ses partenaires de la prévention et de la lutte contre ces violences. Elle s’est par ailleurs dotée depuis 2020 d’une délégation à l’égalité femmes-hommes confiée à Sylvie Guerry-Gazeau, Vice-présidente, et mène, à l’échelle de ses propres services, des actions en interne pour mieux y parvenir. Concernant le projet Urbact « Genderedlandscape », l’Agglo a choisi de se concentrer sur le volet « égalité professionnelle » et plus particulièrement l’accès des femmes à l’emploi local et à la formation.
*URBACT est un programme de coopération qui permet aux villes européennes d’échanger leurs expériences et bonnes pratiques en matière de développement urbain en créant des réseaux transnationaux.
Un Hackathon pour un public collégien
Dans ce cadre, l’Agglo organisait en mars dernier au Musée maritime un Hackathon avec des élèves de 4ème pour les amener, au fil d’échanges et d’ateliers, à réfléchir à leurs choix d’orientation. Quels sont à leurs yeux les métiers les plus attirants ? Sont-ils autant accessibles aux filles qu’aux garçons ? Pourquoi y a-t-il si peu de filles informaticiennes ? Ou bien maçons, expertes en police criminelle, cosmonautes ?
Des femmes sont venues témoigner de leurs parcours, comme Isabelle Autissier, qui évolue parmi l’élite de la course au large majoritairement masculine, ou Angélique Martin, ingénieure chez Alstom et déléguée régionale de l’association « Elles Bougent » qui œuvre à renforcer la mixité dans les entreprises technologiques et industrielles. A l’issue de cette journée, les organisateurs ont constaté que les collégiens présents avaient surtout soif de connaissances sur les métiers eux-mêmes, avant de se positionner sur les représentations genrées de telle ou telle profession. D’autres actions devraient être menées prochainement vers d’autres publics, comme celui des lycéens et étudiants.
L’enjeu du numérique
Un plan d’action local est en cours d’élaboration dans le cadre du projet « Genderedlandscape ». L’Agglomération y associe de nombreux partenaires** en vue d’améliorer les conditions d’accès des femmes au marché du travail local, en particulier dans les filières en tension. Le plan d’action s’intéresse aussi à l’accès à la formation et à l’orientation professionnelle où la marge de progression est importante pour davantage de mixité. Un exemple : alors que les métiers du numérique représentent un fort potentiel d’emploi, seulement 2,9% des lycéennes de 1ère en France ont choisi en 2020 la spécialisation « numérique et sciences informatiques », selon la fondation Femmes@Numérique.
Les femmes dans le maritime
Le 10 mars dernier, l’Agglomération comptait parmi les partenaires de la journée d’échanges « Egalité sur le campus » organisée par La Rochelle Université. Des étudiantes en master d’histoire, regroupées au sein de l’association « La Sauce Culturelle », y participaient notamment. Elles sont à l’origine de l’exposition photographique FEMER, fruit du projet culturel qu’elles avaient à mener dans le cadre de leur master. « Nous avons choisi de mettre en lumière 11 femmes qui travaillent ou se destinent à un métier maritime alors que 84% des postes y sont occupés par des hommes », décrit Léa. Avec ses comparses Adèle, Lauriane, Zoé et Estelle, Léa est allée à la rencontre de ces femmes, une ostréicultrice, une fileuse de poisson, une saunière… « Nous voulions faire quelque chose qui déconstruise les stéréotypes selon lesquels des genres doivent être assignés à des métiers », poursuit Léa. « Comme nous étudions à La Rochelle, nous avons placé la focale sur les métiers de la mer, pour encourager les femmes à les choisir, valoriser celles qui le font ».
Installée dans un premier temps à la bibliothèque universitaire, cette exposition FEMER poursuit son chemin. Elle est à découvrir actuellement au centre socioculturel du Pertuis à Mireuil. Puis en mai au lycée Maritime et Aquacole de La Rochelle, enfin de juin à décembre dans les trois ports rochelais, d’abord à la Maison du Port Atlantique La Rochelle, ensuite au port de plaisance des Minimes et enfin au port de pêche de Chef de Baie.
Citons également un autre temps fort organisé le 23 mars dernier par l’association Trajectoires d’Entreprise au Féminin sur le thème « Chef d’entreprise et heureux : le vrai challenge ? ». Témoignages, rencontres et conférence ont ponctué cette manifestation, marquée par la participation de Carine Rouvier, entrepreneuse à succès au parcours atypique, pionnière de la méthode de management libéré en France et présidente du Réseau national Femmes Chefs d’Entreprise. L’événement a rassemblé près de 400 personnes, femmes et hommes dirigeants d’entreprise, porteurs de projets, étudiants et partenaires institutionnels.
** Les partenaires du plan d’action : la déléguée départementale aux Droits des Femmes et à l’Egalité attachée au Préfet, Pôle emploi, la DIRECCTE, le Centre d‘Information des Femmes et des Familles, Port Atlantique La Rochelle, la Chambre de Commerce et d’Industrie, la Chambre de métiers et de l’artisanat, CAP Métiers Nouvelle-Aquitaine, l’association « Elles bougent », le Club entreprise Trajectoire au féminin, le CNRS Limousin Poitou-Charentes, le Comité Local Ecoles Entreprises (CLEE), l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM) de Charente-Maritime, la fédération française du bâtiment 17, le groupe Ridoret, l’entreprise Shark Robotics, le réseau des entreprises du numérique La Rochelle Digital.