Nos Cabanes, un projet de création participatif

Nos Cabanes, un projet de création participatif

Publié le 23 févr. 2022

Après ceux de l’automne, la compagnie l’Homme Debout proposait de nouveaux ateliers collaboratifs début février à Villeneuve-les-Salines puis bientôt en mars à Mireuil. Objet de ces ateliers : la fabrication d’une marionnette géante, véritable support d’échanges avec les habitants. L’Agglomération soutient la création de ce futur spectacle « Nos Cabanes », un projet culturel chamarré de lien social.

Ce matin, ce sont des élèves de CM2 de l’école Paul Doumer, à La Rochelle, qui s’y collent. Saisir l’osier, manier la pince et le fil de fer, tenter de faire tenir entre eux de longs brins indociles : « Ces bouts de bois ne sont pas d’accord ! Ils veulent s’échapper », déclare Cassiopée, penchée sur l’ouvrage alors que sa copine Luna s’efforce de domestiquer l’osier rebelle, « mais c’est rigolo » ajoutent les deux élèves. Les jours suivants, d’autres personnes de tous âges prendront ici le relais. Elles viendront en groupe ou de façon individuelle pour participer à la construction d’une marionnette géante, élément phare du futur spectacle baptisé « Nos Cabanes » de la compagnie poitevine l’Homme Debout. « On commence par de l’initiation au travail de l’osier. Notre technique de construction est relativement simple mais il faut appréhender le matériau, le sentir », précise l’artiste Benoit Mousserion.

Chantier collectif à travers la région

Sa compagnie est accueillie en résidence par le CNAREP Sur le Pont* ce mois de février pour une semaine que Benoit passe dans le hall du Centre social de Villeneuve-les Salines. Il poursuivra le mois prochain la construction de la marionnette lors d’un atelier ouvert cette fois à Mireuil, du 8 au 13 mars à l’espace Bernard Giraudeau. Il s’installera ensuite dans d’autres quartiers des Landes, du Limousin, du Béarn et des Deux-Sèvres. « C’est un projet sur cinq sites et sur le long cours », indique Benoit Mousserion, qui ne se contente pas d’inviter les gens à construire ensemble un géant de paille, mais aussi à dialoguer, se rencontrer, participer sans même s’en rendre compte à l’écriture du spectacle. « Nous discutons, nous échangeons avant et pendant ces ateliers. Les enfants racontent leurs cabanes, les plus âgés leurs souvenirs, je m’imprègne de leurs mots, de leurs anecdotes et cela nourrit le futur spectacle dont il n’existe pour l’instant que la trame. »

L’art au cœur de l’espace public

Son pitch tient en deux phrases. Une petite fille s’est fabriqué une cabane qui lui est très précieuse, mais dont la destruction est annoncée. La fillette mobilise alors la population autour d’elle pour empêcher cette destruction. Sur ce canevas se bâtit un spectacle prévu pour mai 2023 sur une durée de 24h avec plusieurs temps forts à travers les quartiers rochelais. Un spectacle participatif, pour et par les habitants et dont l’élaboration compte autant que l’aboutissement. « Cette façon d’amener l’art au cœur de l’espace public en créant du lien nous intéresse beaucoup, ce pourquoi nous soutenons ce projet au long cours », affirme Anna Guillou, responsable communication du CNAREP sur le Pont. Pour les mêmes raisons, l’Agglomération de La Rochelle apporte un financement sur sa ligne « politique de la ville » à ce projet de la Compagnie l’Homme Debout. Déjà plusieurs ateliers se sont déroulés autour du futur spectacle « Nos Cabanes ».

Bouts de ficelle et liens solidaires

A Mireuil et à Villeneuve-les-Salines, des habitants ont commencé par concevoir leurs propres cabanes. « Il y a eu des rencontres préalables et à Villeneuve, les gens ont évoqué l’idée de cocon, de structure arrondie comme une bulle de bien-être », rapporte Anna Guillou. La cabane villeneuvoise a donc pris la forme d’une sphère de métal sur laquelle tous ceux qui le souhaitent peuvent nouer des rubans, cordelettes, scoubidous ou autre symbolisant les liens d’entraide entre les gens du quartier. A Mireuil, la cabane est de forme cylindrique et tendue de tissus très divers, symbolisant la multiplicité des cultures qui cohabitent dans le quartier. La cabane est destinée à bouger en différents points, la voici devant le centre social les Pertuis, elle s’en ira bientôt ailleurs et chacun pourra y ajouter un bout de tissu, comme à Villeneuve où le métal de la cabane a vocation à disparaitre derrière tous ces rubans et bouts de ficelles signifiant des liens solidaires.

Longue maturation

D’autres ateliers suivront à l’automne, cette fois pour alimenter de reportages, chansons et autres créations sonores la web-radio qui accompagnera les 24h du spectacle « Nos Cabanes ». Une durée exceptionnelle, comme le temps de sa préparation. « C’est nécessaire si on espère l’implication des habitants. En restant longtemps, en espaçant les ateliers, on laisse place à la rencontre et à l’arrivée de gens nouveaux, qui ne viendraient pas sur un temps court », est convaincu Benoit Mousserion qui n’en est pas à son coup d’essai dans ce principe de création. Dans l’Agglo, on l’a déjà vu à l’œuvre en 2018 avec Mo et le Ruban Rouge.

+ La longue maturation de Nos Cabanes pourra bientôt être suivie sur Internet avec un site dédié accessible via celui de la compagnie : www.cie-lhommedebout.fr

* Le CNAREP Sur le Pont est l’un des 14 Centre Nationaux des Arts de la Rue et de l’Espace Public labellisés par le ministère de la Culture. Basé à La Rochelle, il est le seul en région Nouvelle-Aquitaine.

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