Projet « Ocean Peak » : ouvrir de nouvelles voies
Projet « Ocean Peak » : ouvrir de nouvelles voies
Publié le 14 déc. 2018
Dans le port de La Rochelle, le voilier Trifon se refait cet hiver une santé. Sa destinée est liée au projet à dimension sociale de son propriétaire, Benoit Lacroix. Aux beaux jours, il compte réunir à bord marins, alpinistes et jeunes en difficulté dont il souhaite élargir l’horizon afin qu’ils trouvent leur voie. Une collecte de financement participatif est lancée pour ce projet baptisé « Ocean Peak ».
A La Rochelle, on connaît Benoit Lacroix comme le créateur de The Roof qui n’est à ses yeux pas seulement une salle d’escalade mais « un lieu de vie, une communauté porteuse de valeurs sur la transition écologique, la coopération. Nous ouvrons d’ailleurs un espace de coworking à l’étage début janvier ». Mais depuis déjà quelque temps, Benoit a laissé la direction exécutive de The Roof à sa co-fondatrice, Mélanie Coyne, pour voguer au sens propre vers d’autres horizons.
La fibre de l’ancien éducateur
Ce qui l’occupe aujourd’hui pleinement, c’est le projet « Ocean Peak », que certains spectateurs du récent Festival International du Film d’Aventure, ont pu découvrir en images. « Quatre thèmes se mêlent dans ce projet : la mer, la montage, le social et la dynamique entrepreneuriale », déclare l’intéressé avant de décliner ces thèmes. La fibre sociale, tout d’abord, lui vient de son premier métier d’éducateur spécialisé. « J’ai travaillé plusieurs années à la fondation des apprentis d’Auteuil ». Benoit aimerait donner une chance à ces jeunes confiés à des foyers. « Si on ne leur propose pas une rupture à un moment, un moyen de prendre conscience de leur potentiel, ils s’enferment dans cette catégorie stigmatisée de « jeunes en difficultés ».
Mer, montagne et itinérance
Passionné d’escalade, le jeune homme a laissé il y a 5 ans son poste d’éducateur pour se lancer dans l’entreprenariat en créant The Roof, « mais sous une forme qui intègre le rôle sociétal de l’entreprise ». A La Rochelle, Benoit le grimpeur a pour sa part découvert un autre élément : la mer, les bateaux et en particulier les mini 6,50 devenus sa nouvelle passion. Intensément, il s’est préparé pour être de la mini-transat La Boulangère 2017. « J’ai fini 28ème, pas si mal pour un néophyte ». Le marin nouveau a surtout découvert un aspect de l’itinérance maritime qu’il souhaite faire partager à des jeunes. « Quand vous êtes en mer, mais c’est aussi vrai sur un chemin de montagne, vous êtes face à vous-même. Rien ne vient vous occuper la tête, aucune sollicitation, aucun écran. Vous ne sautez pas d’un réseau social à une série. Vous faites au contraire l’expérience du vide, du temps long et – enfin – d’un véritable dialogue avec vous-même ». Benoit croit fortement en la vertu de tels moments comme à la confrontation avec la nature sauvage pour se retrouver en tant qu’humain, s’estimer davantage, se donner à soi-même cette seconde chance.
Il faut préparer le bateau
Avec deux associés, une navigatrice Marta Güene et un guide de haute montagne Christophe Dumarest, il a donc créé « Ocean Peak » dont l’objectif est d’embarquer à chaque séjour quatre jeunes et leur éducateur pour une aventure maritime doublée de randonnées en montagne. Le premier de ces séjours est prévu en mars 2019 pour une quinzaine sur l’eau dans le golfe de Gascogne puis sur terre à gravir des monts espagnols. L’Ocean Peak Project a déjà son bateau, le Trifon, qu’on peut voir ces jours-ci dans le Bassin des chalutiers. « C’est un navire de plaisance d’une trentaine d’années. Nous avons beaucoup de travaux de maintenance à opérer cet hiver. » Pour assumer cette partie, l’équipe compte sur la générosité citoyenne à travers un financement participatif (on peut donner ici : https://ekosea.com/fr/crowdfunding/281-ocean-peak-project). Il compte aussi sur le sponsoring et le mécénat d’entreprise.
Le Grand Nord pour de grands sportifs
Un autre volet d’Ocean Peak s’adresse cette fois à des sportifs confirmés. « Nous souhaitons alterner les séjours pour les jeunes avec d’autres périodes plus longues de navigation dans le Grand Nord et la découverte de sites montagneux sauvages, pas ou peu explorés. Dans les deux cas, il s’agit d’ouvrir de nouvelles voies. » A l’été 2018, Benoit, Martha et Christophe ont déjà fait un premier voyage de ce type, embarquant des marins, grimpeurs et artistes vers les îles norvégiennes Lofoten et leurs sommets granitiques. Cela a donné le film sélectionné par le dernier FIFAV. Une autre expédition est prévue au Groenland l’été prochain tandis qu’à l’automne 2019, de nouveaux « séjours de rupture », comme les nomme Benoit Lacroix, devraient être proposés à des jeunes en difficulté.