Un soutien sur quatre roues
Un soutien sur quatre roues
Publié le 12 oct. 2017 - Mis à jour le 13 juin 2018
Pas de voiture : pas d’emploi. Voici le cercle vicieux dans lequel les plus précaires se trouvent souvent piégés. La PRAM, Plateforme Régionale d’Accès à la Mobilité, et des garages solidaires, dont le Vilebrequin à La Rochelle, tentent d’y remédier en réparant des voitures que des donateurs (entreprises ou particuliers) ont décidé de leur céder.
Ce matin, Stéphane Bourdit, de l’association PRAM, charge sur sa remorque une Renault Laguna offerte par une donatrice de La Rochelle. « Ce véhicule n’a que 130 000 km au compteur mais il est ancien, il date de 1998 et ne vaut plus grand-chose sur le marché de l’occasion », constate le chargé de développement de la plateforme. « La personne qui nous l’a donnée va bénéficier de l’avoir fiscal que nous lui fournissons et pourra déduire de ses impôts 66% de la valeur du don. Nous nous occupons de toutes les formalités administratives ». Donner une voiture à la PRAM, c’est simple et surtout, c’est solidaire ! Voici le message que Stéphane Bourdit et les cinq garages associatifs à l’origine de la plateforme tentent de faire passer au plus grand nombre, particuliers et entreprises.
Bénéficiaires sur prescription sociale
Cette Plateforme Régionale d’Accès à la Mobilité est née d’un constat sur l’usage des microcrédits qu’accordait l’ancienne région Poitou-Charentes aux personnes en difficultés. « Une large majorité des sommes empruntées l’étaient pour acheter un véhicule, le moins cher possible et, du coup, bien souvent, ces voitures lâchaient les gens avant même qu’ils aient fini de rembourser leur microcrédit », expose Stéphane Bourdit. Les problèmes de mobilité, on le sait, figurent comme un des freins essentiels au retour à l’emploi. Plusieurs garages solidaires de l’ancienne région Poitou-Charentes ont décidé en 2015 de créer en commun une structure, la plateforme PRAM, pour collecter des véhicules, les remettre en état de façon professionnelle et les revendre à prix modérés à des bénéficiaires adressés par des prescripteurs sociaux. « Ce sont souvent des femmes seules avec plusieurs enfants que nous adressent les assistantes sociales », observe Delphine Hidié, secrétaire commerciale de la PRAM à La Rochelle. « Elles ont impérativement besoin d’un véhicule, pour la vie quotidienne comme pour se rendre au travail. J’ai eu plusieurs cas de dames qui faisaient des ménages en horaire décalé, tôt le matin ou tard le soir. »
La PRAM n’est pas une casse
« La plateforme est régionale », poursuit Stéphane Bourdit, « elle gère un parc de véhicules à cette échelle. Si un don est fait à Niort, il peut très bien bénéficier à quelqu’un de La Rochelle. » Dans cette ville, c’est donc le Vilebrequin, garage solidaire de la régie de quartier Diagonale, qui assure le relais, récupère les voitures et les répare. « Cette action repose sur le don, mais attention, nous ne sommes pas une casse », souligne Anthony Delavaud, mécanicien du Vilebrequin. « Les véhicules qui nous sont donnés peuvent être anciens, mais il faut qu’ils soient en état de rouler, même si quelques réparations sont nécessaires ».
Les garages solidaires font le diagnostic des véhicules qui leur sont proposés « Nous n’en acceptons en moyenne qu’un sur trois, mais c’est déjà ça car les besoins sont importants, surtout pour des véhicules familiaux, or ce ne sont pas les plus courants. » La PRAM s’occupe ensuite de toutes les formalités et du contrôle technique.
La PRAM en chiffres
Active depuis 2015, la Plateforme Régionale d’Aide à la Mobilité a récolté 382 propositions de dons, émanant pour 55% de particuliers et 45% d’entreprises.
Si un grand nombre de véhicules proposés sont trop endommagés pour reprendre durablement la route, la plateforme en a tout de même collecté 138 à ce jour. 100 voitures ont pour l’instant été réparées et revendues à des particuliers adressés par des services sociaux. Les ventes se situent autour de 2 000 €, carte grise, contrôle technique et garantie sur 3 mois compris.