Projet Alimentaire de Territoire
PAT : 3 lettres pour un projet ambitieux. Le Projet Alimentaire de Territoire La Rochelle-Aunis-Ré propose des mesures concrètes pour plus de proximité entre le champ et l’assiette.
Projet Alimentaire de Territoire (PAT)
Le Projet Alimentaire de Territoire La Rochelle-Aunis-Ré vise à rendre notre système alimentaire plus durable, plus responsable, plus équitable. Il propose près de 40 actions pour renforcer notre agriculture et l’autonomie alimentaire de notre territoire, faciliter l’accès de tous à des produits durables et locaux, et accompagner au changement d’habitudes alimentaires.
Aux côtés de l’Agglomération de La Rochelle, des Communautés de Communes Aunis Sud, Aunis Atlantique et Ile de Ré, de la Chambre d’Agriculture Charente-Maritime-Deux Sèvres, Bio Nouvelle Aquitaine et du Port de pêche de La Rochelle, plus de 100 partenaires s’engagent pour un système alimentaire plus durable, plus responsable, plus équitable : agriculteurs, producteurs, organismes professionnels, transformateurs, associations, collectifs, consommateurs, organismes de recherche, de formation…
Cette démarche s’inscrit dans notre stratégie locale zéro carbone, destinée à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre sur notre territoire. Elle en est l’un des piliers.
Vous avez dit PAT ?
Les objectifs du PAT La Rochelle-Aunis-Ré
Le Projet Alimentaire de Territoire La Rochelle-Aunis-Ré repose sur 3 grands objectifs, eux-mêmes déclinés en 8 axes de travail.
# 1 ACCOMPAGNER LES CHANGEMENTS D’HABITUDES ALIMENTAIRES
Parce que la mise en œuvre et la réussite d’une démarche aussi vaste et ambitieuse ne peut se faire sans l’implication de chacun, le Projet Alimentaire de Territoire doit d’abord informer et sensibiliser aux enjeux liés à notre alimentation : c’est notre santé mais aussi l’avenir de notre économie et de l’environnement qui se jouent dans notre assiette.
Connaitre et comprendre les tendances et habitudes du consommateur est essentiel pour identifier les leviers qui lui donneront envie de consommer davantage de produits locaux et de qualité.
Un baromètre créé en 2019 permet déjà de mesurer l’évolution de la part des produits locaux dans le budget des Français, la nature des produits achetés et les modalités d’achats de ces produits. Avec le PAT, ces données pourront être partagées au sein d’un Observatoire par l’ensemble des acteurs et des structures impliqués dans la valorisation des produits locaux.
# 2 RENFORCER L’ACCES AUX PRODUITS DURABLES
Les étals des magasins proposant tomates ou oranges en toute saison brouillent les pistes de la saisonnalité des fruits et légumes.
Parallèlement, les agriculteurs locaux et leur production ne sont pas suffisamment connus du consommateur.
Parce que la qualité est la base d’une bonne alimentation, l’ambition du PAT est de donner un égal accès à toutes et tous aux produits locaux et durables en les intégrant directement dans les offres d’aide alimentaire (marché populaire...)
Les restaurants collectifs (cantines des écoles, hôpitaux, Ephad...) constituent un levier de choix pour le PAT : ils permettent d’offrir, en un seul repas, une alimentation de qualité à un grand nombre de personnes.
Développer le lien entre producteurs et acteurs de la restauration collective, c’est accroître ce potentiel.
# 3 ADAPTER LE SYSTEME ALIMENTAIRE POUR PLUS D’AUTONOMIE
En facilitant l’accès au foncier et à l’eau
Pour développer la production agricole de notre territoire - et tendre vers davantage d’autonomie alimentaire - il faut soutenir l’installation de nouveaux agriculteurs et accompagner la pérennité des exploitations déjà en place. Faciliter l’accès aux terres et à l’eau est au cœur de cet enjeu.
En construisant un cadre de travail favorable à la production maraîchère
Le PAT entend créer les moyens propices au développement et à la diversification de la production de légumes afin de renforcer l’autonomie alimentaire de notre territoire tout en pérennisant et développant la profession.
En diversifiant l’offre de céréales et de légumineuses
Avec une production en légumineuses et céréales bien plus élevée que la consommation des habitants, l’offre actuelle de notre territoire n’est pas adaptée à la demande. En même temps que les habitudes des consommateurs évoluent, il nous faut diversifier la production et l’orienter vers les circuits locaux.
En soutenant et en développant la filière d’élevage à l’herbe
Soutenir la profession d’élevage lait et viande, fragilisée par un contexte économique et social compliqué, est l’un des enjeux du PAT ; cela suppose la diversification de l’activité et l’adaptation à de nouveaux modes de production comme l’élevage à l’herbe, plus vertueux pour l’environnement, pour la santé des bêtes et celle du consommateur.
En développant des partenariats entre filières arboricoles voisines
La production de fruits sur le territoire du PAT La Rochelle-Ré-Aunis est largement insuffisante et trop peu diversifiée pour répondre à la demande. Les territoires voisins, à l’inverse, sont plutôt généreux en certaines variétés. Une collaboration entre ces territoires et un rééquilibrage de la production permettrait de mieux répondre à la demande.
Afin de répondre à la demande grandissante de produits provenant directement de la ferme et diminuer en parallèle l’importation d’aliments au bilan carbone très lourd, un accompagnement et une optimisation de la logistique dans la chaine de production/transformation/distribution et la mise en place de solutions mutualisées sont à imaginer.
Le PAT est une démarche globale au cœur de laquelle la santé se présente comme un axe de travail transversal : notre santé se trouve dans notre assiette et la qualité de celle-ci dépend de la santé de notre environnement, de la biodiversité, des terres agricoles qui produisent nos fruits et nos légumes…
Le PAT La Rochelle-Aunis-Ré en chiffres
+ de 100 partenaires
3 grands objectifs
8 axes de travail
40 actions
Sur le territoire (Communauté d'Agglomération de La Rochelle et Communautés de Communes Aunis Sud, Aunis Atlantique et de l’Ile de Ré) :
- 93 330 hectares de terres agricoles (surface agricole utile) ;
- 6 % de la surface agricole utile en Agriculture Biologique (objectif national : 15 % en 2022) ;
- 930 exploitations agricoles (la moitié des exploitants partiront en retraite d’ici 2030) ;
- 250 000 habitants, soit 1 exploitation agricole pour 270 mangeurs (à l’échelle nationale, le rapport est de 1 pour 100) ;
- 21 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées à l’alimentation (transformation, transport, commercialisation) ;
- 18 % des exploitations agricoles investies dans les circuits courts.
Les principales productions du territoire
Un projet partagé
Le Projet Alimentaire de Territoire est mené par l’Agglomération de La Rochelle, les Communautés de communes Aunis Atlantique, Aunis Sud et Ile de Ré, la Chambre d’Agriculture Charente-Maritime-Deux Sèvres, Bio Nouvelle Aquitaine et le Port de pêche de La Rochelle, avec la participation de plus de 130 acteurs du territoire.
« Ce périmètre correspond à la réalité de notre bassin nourricier », relève Jean Gorioux, Président de la Communauté de Communes Aunis Sud. « Nos collectivités ont l'habitude de travailler des sujets ensemble, comme par exemple les déplacements. Concernant l'agriculture de proximité, les sols d'Aunis ont des capacités pour une production diversifiée que n'aurait pas toute seule l’Agglomération de La Rochelle ». Pour cette dernière, c'est la Vice-Présidente Mathilde Roussel qui est en charge du Projet Alimentaire Territorial.
« Nous voulons travailler sur les filières agricoles locales et valoriser les emplois qui ne sont pas délocalisables. Sur le plan social, nous voulons favoriser une alimentation de qualité pour tous et sensibiliser le public à ce sujet. Puis il y a bien sûr l'enjeu primordial du volet environnemental : tendre vers l'agriculture biologique, aller vers la diversité des cultures, penser biodiversité, qualité de l'eau…
Dès lors qu'on traite d'agriculture et d'alimentation, le champ d'intervention est très vaste ». Mathilde Roussel insiste aussi sur la nécessité d'un projet partagé, « avec les autres collectivités mais aussi avec les agriculteurs, leurs organismes professionnels, le Port de pêche, les associations, par exemple celles qui luttent contre le gaspillage alimentaire. De nombreux acteurs et actrices doivent venir autour de la table. Certaines associations le sont déjà depuis longtemps et ont même aidé à faire émerger le projet. »
Entretien avec Mathilde ROUSSEL, Vice-Présidente en charge du PAT
Dans le monde agricole, certains travaillent déjà dans cet esprit, comme Bruno Bonnin, éleveur à Thairé. « J'ai repris la ferme familiale. Peu à peu, j'ai pris conscience des enjeux environnementaux liés à l'agriculture, je me suis converti au bio. Je travaille en vente directe mais aussi pour la restauration scolaire et j'ai de très bons retours de ce côté, la qualité dans l'assiette est appréciée des enfants, c'est valorisant ».
La structuration des commandes pour la restauration collective est un des leviers du Projet Alimentaire de Territoire. Un autre consiste à faciliter l'accès au foncier. « Nous avons déjà commencé à acheter des parcelles afin d'installer des maraîchers ou des éleveurs* mais, même sans acquérir le foncier, nous pouvons encourager la location ou la transmission des exploitations vers des filières d'alimentation locale », indique Roger Gervais, Vice-Président de l’Agglo en charge de la stratégie foncière.
« Nous mettons par ailleurs en place des espaces tests où des jeunes non-issus du milieu agricole peuvent se lancer dans ce métier. Ces surfaces tests sont une forme de soutien aux projets agricoles comme les pépinières d'entreprises le sont à d'autres projets économiques ».
Telles sont quelques unes des pistes, parmi bien d'autres, qui figurent sur la feuille de route du futur Projet Alimentaire de Territoire.
*Au total, 13 ha ont pu être acquis en 2019
À terre mais aussi en mer
Tout territorial qu'il se nomme, le projet pour relocaliser la production et la consommation d'une alimentation de qualité n'oublie en rien l'aspect maritime du sujet. Poissons, crustacés et coquillages sont ici des productions locales et les acteurs de la pêche et des cultures marines sont bien sûr associés.
Le travail mené sur la restauration scolaire prend ainsi en compte les produits de la mer, aux côtés des légumes, légumineuses, produits laitiers et viandes.
Diagnostic du territoire
L'élaboration d'un PAT débute par un diagnostic partagé de l’agriculture et de l’alimentation du territoire, duquel découlent les actions à mettre en œuvre pour faire évoluer le système alimentaire.
Pour le PAT La Rochelle Aunis Ré, ce diagnostic partagé se compose de 3 documents cadres : un diagnostic de l’offre agricole du territoire, un diagnostic du potentiel nourricier avec des scenarios de transition, et un diagnostic du foncier agricole.
Le diagnostic de l’offre agricole
Le diagnostic de l’offre agricole dresse un portrait des productions agricoles du territoire du PAT La Rochelle-Aunis-Ré et les met en relation avec les besoins de la population actuelle en denrées alimentaires.
Il permet d’interroger les familles de produits sur ou sous représentées dans les productions actuelles.
Ainsi, nous ne couvrons que :
- 10% de nos besoins en pommes de terre,
- 40% de nos besoins en fruits, légumes et lait de vache,
- 90% de nos besoins en viande bovine.
Mais nous produisons de façon importante :
- des légumes secs (43 fois plus que nous en consommons avec notre régime alimentaire actuel …),
- du lait de chèvre (3 fois plus),
- de la viande ovine (2 fois plus),
- des céréales (1,3 fois plus).
Il est important de noter qu’au sein des principales filières existent de fortes disparités entre produits.
Par exemple, nous produisons plus que nous ne consommons du beurre, du lait UHT ou encore des bovins mâles et quartiers avant, alors que nous manquons de fromages, de bovins femelles et arrières de carcasses, ce qui vient aussi interroger la transformation des produits agricoles et le départ des productions en dehors du territoire.
L’étude des potentiels nourriciers et scénarios de transition
L’étude des potentiels nourriciers et scénarios prospectifs montre la faisabilité des transitions souhaitées et compatibles avec la SAU du territoire, les aspirations sociétales et une trajectoire neutre en carbone.
Ainsi trois scénarios élaborés par la SCOOP Le Basic ont été éprouvés :
- Un relocalisation à 100 % de l’alimentation ;
- Une relocalisation avec 50% de la production en agriculture biologique ;
- Une relocalisation de la production, un passage à 50% d’agriculture biologique et la modification du régime alimentaire (réduction de 50% des produits animaux).
Les conclusions montrent que le territoire du PAT a une taille adaptée à la relocalisation de l’alimentation.
La faisabilité d’intégrer des évolutions des pratiques agricoles en lien avec la transition écologique est réelle, mais pas sans toucher au régime alimentaire de ses habitants.
Le diagnostic agricole et foncier de l’agglomération de La Rochelle
Le diagnostic agricole et foncier de l’agglomération de La Rochelle vient compléter plus finement les précédents diagnostics.
Il permet de connaître les espaces agricoles à enjeux et devant faire l’objet d’une veille accrue.
C’est un outil précieux pour orienter les actions de veille et de maîtrise foncière notamment dans la perspective de faire évoluer les documents d’urbanisme ou encore d’intervenir pour l’installation de producteurs ou la diversification des cultures.
Il sera conforté en 2025 par des diagnostics identiques pour l’Ile de Ré, Aunis Sud et Aunis Atlantique.